Une instruction concernant des proches de l’aide à mourir et le trafic de substances illicites

Des membres de l’association Ultime Liberté, active dans le domaine de la fin de vie, sont poursuivis pour leur implication présumée dans le trafic de barbituriques depuis 2018 jusqu’en 2020. Parmi eux, des personnes âgées de 74 à 89 ans, souvent des retraités ou ayant une forte expertise intellectuelle, sont soupçonnées d’avoir aidé des dizaines d’individus, malades ou non, à acquérir illégalement du pentobarbital via des commandes en ligne.

Les enjeux juridiques et éthiques du procès

Cette audience, qui doit se tenir jusqu’au 9 octobre, vise à éclairer un débat sociétal sur la fin de vie, selon la déclaration de l’avocat des prévenus, Me Arnaud Lévy-Soussan. La majorité des personnes jugées, toutes non condamnées à ce jour, possèdent un casier judiciaire vierge et encourent des poursuites pour trafic de substances contrôlées. La procédure souligne la complexité juridique entourant la liberté de choisir sa fin de vie dans un contexte où la législation française demeure restrictive.

Une organisation confrontée à des questions de bioéthique et de libertés individuelles

Les militants d’Ultime Liberté proposent une approche qui dépasse le cadre traditionnel du droit à l’aide à mourir. Ils revendiquent notamment le droit à un suicide « serein », indépendamment de l’état de santé, en affirmant que la personne doit disposer de cette option en toute liberté et réflexion. Selon la présidente de l’association, Claude Hury, « le suicide est dépénalisé depuis la Révolution », mais de nombreuses lois limitent encore cette démarche non violente, ce qui pousse certains à agir en dehors du cadre légal.

Une opération de traque judiciaire suite à des alertes internationales

L’enquête a été déclenchée suite à un signalement en provenance des autorités américaines, pointant une filière mexicaine d’exportation de pentobarbital, dissimulé dans des flacons étiquetés « Natural Cosmetics » et destiné à un usage vétérinaire. La substance, un psychotrope dépresseur du système nerveux central, peut être utilisée pour les suicides assistés dans des pays où cette pratique est légale, comme la Belgique ou la Suisse.

Perquisitions et profils des personnes impliquées

En octobre 2019, une centaine de perquisitions ont été menées en France suite à la découverte d’une liste d’acheteurs. Parmi eux, plusieurs ont déjà trouvé la mort, souvent des personnes âgées ou souffrant de maladies graves, mais certains cas soulèvent la question de suicides sans lien évident avec des pathologies lourdes ou le vieillissement. La justice s’intéresse également à la dimension communautaire de l’association Ultime Liberté, notamment à travers le rôle de quelques adhérents qui accompagnaient discrètement ceux souhaitant mettre fin à leurs jours en leur fournissant conseils et accès à la substance illicite par messagerie cryptée, tout cela dans un cadre où la frontière entre soutien moral et assistance au suicide reste floue.

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