Arthouse, une passerelle entre pop et expérimental
Après la victoire à l’Eurovision avec The Code, Nemo a pris le temps de se recentrer pour concevoir un disque fidèle à sa vision. La sortie de son premier album Arthouse a été repoussée en raison d’une promotion soutenue de la chanson victorieuse à l’Eurovision 2024. L’artiste biennois, âgé de 26 ans, peut toutefois se féliciter de ce travail.
Lors de l’émission Forum du 14 octobre, Nemo a exprimé son plaisir de partager enfin cet album avec le public et a expliqué avoir pris le temps nécessaire pour peaufiner chaque piste, allant jusqu’à décaler sa tournée pour alléger la pression et explorer de nouvelles voies créatives.
Une architecture de morceaux en pièces
Le concept Arthouse, emprunté au cinéma indépendant, se déploie comme une approche musicale visant à créer un espace situé entre le courant dominant et l’expérimental. Chaque morceau est perçu comme une pièce distincte: Casanova se déploie comme une salle de bal, God’s a Raver évoque une salle de bain de club et Unexplainable se situant dans un grenier; l’ensemble dessine un lieu intérieur, refuge et terrain de contrastes.
L’album exploite ces opposés: des titres qui invitent à la danse et d’autres plus sombres. La musique ne se résume pas à l’agréable: comme au cinéma, l’inconfort peut coexister avec l’émotion, et c’est ce qui fait la vitalité de l’art. Il s’agit aussi d’une photographie de l’instant et de sa vie actuelle.
Des textes et des sons qui explorent les contrastes
Le travail se veut aussi un espace d’interrogation sur l’identité et la diversité, mêlant dimension personnelle et exploration artistique. Nemo entend raconter une expérience à la frontière des genres et inviter le public à réfléchir sur la perception de son œuvre.
Un manifeste queer et politique à la croisée des genres
Arthouse s’inscrit comme un projet personnel et politique qui questionne aussi les réactions suscitées par sa mise en scène artistique. Nemo s’est engagé pour les droits des personnes non binaires et estime que son existence peut être perçue comme un acte politique, notant qu’il n’a pas véritablement le choix de se définir comme politique et que chaque geste ou parole peut être interprété ainsi.
Si les relations avec les médias se sont parfois révélées tendues, l’artiste a appris à évoluer dans cet univers complexe et se sent aujourd’hui plus à l’aise et confiant face à la presse, affirmant être en mesure de dire ce qui lui semble juste.
En marge de ce travail, Nemo affirme une position à la frontière des genres et précise que cet album raconte cette posture. Une tournée est envisagée à l’automne et l’artiste souhaite faire vivre cette maison sur scène. Le bonnet rose à oreilles de lapin qu’il porte demeure un symbole apprécié et attend son retour sur scène.
Sur scène et vers l’avenir
Concernant les projets futurs, Nemo espère rejouer en Suisse romande, même si ce n’est pas prévu pour la prochaine tournée. Il garde un souvenir précieux du Paléo Festival, moment qu’il décrit comme l’un des plus beaux de sa carrière.

