Rareté médicale en Suisse : une intervention oculaire d’origine dentaire
Tobias, 70 ans, a retrouvé la vue après avoir été victime d’un effet secondaire rare d’un médicament. À 55 ans, sa peau s’est détachée sur de grandes surfaces et sa vision s’est progressivement assombrie ; après six mois d’hospitalisation, il était complètement aveugle.
Il a dû apprendre le braille avant qu’une solution peu courante soit envisagée par un médecin.
Le professeur David Goldblum, ophtalmologue à Bâle, a effectué une opération consistant à remplacer la cornée par un implant fabriqué à partir de la racine d’une de ses canines. Cette technique, développée dans les années 1960 par l’ophtalmologue italien Benedetto Strampelli, est destinée aux patients pour lesquels une greffe de cornée n’est pas envisageable, notamment en cas de brûlures graves ou de maladies cornéennes avancées.
L’intervention est réalisée en collaboration avec un chirurgien maxillo-facial et affiche un taux de réussite supérieur à 85 % selon les médecins.
Après deux opérations, Tobias a retrouvé la vue et a pu voir son petit-fils de deux ans. C’est un moment indescriptible, selon lui.
L’ancien aveugle a également retrouvé des proches qui l’avaient aidé pendant sa cécité, et ces retrouvailles l’ont profondément ému.
La Suisse compte des cas extrêmement rares de ce type d’intervention. Le Dr Matthieu Barrali, responsable de la policlinique et des urgences à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin à Lausanne, rappelle que ces procédures restent ultrarares et qu’une dizaine de patients environ ont été traités au total dans le pays. Il précise toutefois qu’un seul chirurgien peut suffire pour ce type d’opération.
Aujourd’hui, Tobias revit. La plupart des patients conservent une acuité visuelle stable pendant de nombreuses années, mais environ un quart voient leur vision se détériorer avec le temps en raison de complications.

